mercredi 26 décembre 2007

Noël en Suisse


Petit exercice de lexicologie à la Suisse dédié à nos hôtes de là-bas, dit !!! ;-)

Poussés par le Joran*, c'est chaussé de nos eclaffes-beuses* (enfin presque tous... certaines n'auront pas pu éviter le rhume des pieds à patauger dans 1 mètre de neige en tennis de toile) que nous nous sommes rendus de Paris à Ollon en passant par Métabief, son épaisse couche de neige et ses -10 degrés ... en moyenne ! Qu'importe la température, la chaleur humaine était là pour nous réchauffer.

C'est à huit que nous avons donc débarqué en Suisse pour faire la rioule* jusqu'à plus soif à la santé du père-noël et de sa générosité. Deux jours à ruper* comme des caïons*, à bajarquer* jusqu'à épuisement des glandes salivaires et des tympans et à se taper riguenette* sur riguenette ! Sans oublier chaque après-midi, une bonne pioncée* dont nous ne pouvions nous passer (enfin surtout moi, marmotte devant l'éternel...) !

Si après tout cela, nous ne rentrons pas plus que rappicoler*, c'est à n'y rien comprendre ;-)

Joyeux noël à tous !

* www.topio.ch/dico.php

dimanche 16 décembre 2007

Les mots

" J’avais trouvé ma religion : rien ne me parut plus important qu’un livre. La bibliothèque, j’y voyais un temple ».

Comment dire encore une fois que je suis amoureuse de Sartre et de ses écrits sans que ça se voie…

Je l’ai dit et redit cette année et le redire encore me rend un peu honteuse. Il serait peut être temps que je me renouvelle… mais je n’en ai pas envie parce qu’un des livres de Sartre, encore, m’a pris et ne pas en faire état serait sacrilège. Parce que si les livres sont ma religion, la bibliothèque mon temple, Sartre en serait mon Dieu.

A chacun de ses livres, il m’emmène loin en moi et m’aide à en sortir quelque chose du fatras qui règne « en d’dans ».

Alors une fois n’est pas coutume, je parlerais de Sartre. Promis pour l’an prochain, je tenterais de trouver un nouvel auteur !

Les mots*, donc, raconte comment Sartre a découvert l’existence, la sienne, à travers les livres. Son livre est en deux temps : deux verbes : Lire et Ecrire. Et là, je me suis dit qu’il eut été dommage qu’il n’eut jamais écrit, seulement lu, sinon personne n’aurait su dire aussi bien l’émotion des livres et des mots.

Pareil à lui, je ressens le besoin de toucher les livres « pour honorer mes mains de leur poussière ».

Comme lui, j’ai entendu les livres me parler, « les mots déteign (ant) sur les choses, transformant les actions en rites et les évènements en cérémonies ». Sentir les phrases résister « à la manière des choses » et être obliger de « les observer, en faire le tour, feindre de (s’) éloigner et revenir brusquement sur elles pour les surprendre hors de leur garde (…) ».

Nul autre pareil que Sartre n’avait dit que l’univers se rencontre dans les livres, que les mots se travaillent du regard pour « les essayer, décider de leur sens », qu’il faut tenir « les mots pour la quintessence des choses »…

Les mots m’en manquent pour une fois. Sartre doit être un des seuls qui me laisse sans voix, non pas que je n’ai rien à dire. Mais quand il est là, je n’ai qu’envie de l’écouter.

« Ce que j’aime en ma folie, c’est qu’elle m’a protégé, du premier jour, contre les séductions de « l’élite » : jamais je ne me suis cru l’heureux propriétaire d’un « talent » : ma seule affaire était de me sauver – rien dans les mains, rien dans les poches – par le travail et la foi. Du coup ma pure option ne m’élevait au-dessus de personne : sans équipement, sans outillage je me suis mis tout entier à l’œuvre pour me sauver tout entier. Si je range l’impossible Salut au magasin des accessoires, que reste-t-il ? Tout un homme fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui. »

J'avais trouvé ma religion, mon temple et mon Dieu...

* SARTRE, Jean-Paul. – Les mots – Folio, 2007.

samedi 24 novembre 2007

Zététique

Il me fallait un mot, un nouveau, un que je n’avais jamais rencontré ... là, maintenant, tout de suite. Trop longtemps que je n’en avais pas décortiqué un pour mon plaisir et celui des autres, si tant est qu’il existe des personnes aussi folles que moi des mots…
Beaucoup trop longtemps ! Le 11 août dernier, j’ai disserté sur Improbable et puis rien depuis…
Le besoin se fait sentir, il est là, il m’habite… Il me faut un mot ou je ne réponds plus de rien.

Je compulse mes brouillons, mes notes… Aliénation, arrogance, culpabilité, impuissance… Rien de nouveau, que du déjà ressenti, on verra plus tard… sentiment/émotion, ambiguïté, chimère, objurgation… Je me lasse. Est-ce bien tout ?!

Mon rythme cardiaque s’accélère, mes doigts tremblent, je transpire légèrement… Un mot, un mot, un mot rare ! Il me le faut !

J’emploie les grands moyens : dans google, je tape « mot rare ». Le résultat ne se fait pas attendre : le Petit dictionnaire des mots rares et anciens de la Langue Française* se dévoile à moi.

Et voilà, devant mes yeux, une pléthore de mots qui se dévoile … Lequel choisir ? Et comment ? Pense « Mot compte Triple ». Je tape dans les dernières lettres de l’alphabet et je le trouve : mon mot du jour sera zététique.

Qui eut pu jurer qu’un tel mot puisse exister ? Assemblage de lettres improbables (si tant est qu’après mon explication de l’improbable, l’on puisse qualifier quoi que ce soit d’improbable…) Une sonorité des plus piqu-antes ! Et une définition à calmer les plus « dingues » d’entre nous (soit moi…).

Zététique est un adjectif à usage didactique…

Bon, d’accord, j’arrête de jouer les mystérieuses.

Un adjectif, ça ,c’est bon pour tout le monde ! A usage didactique ie qui vise à instruire**.

Et zététique ? Une méthode zététique est une méthode dont on se sert pour résoudre un problème de mathématique*. Ah, mais attendez, ce n’est pas tout : d’une manière générale, la méthode zététique est celle dont on se sert pour pénétrer la raison des choses*.

Bon, en bref, la zététique, c’est une phase de réflexion qui refuse de dire son nom et qui finalement se trouve à la portée de tout le monde. Tout un chacun fait de la zététique, à chaque instant et en tout lieu, sans même s’en apercevoir.

Bah, oui, quand je fais 1 + 1, j’utilise une méthode zététique…

C’est limite décevant… Et je ne suis pas prête de le replacer. Ce mot là, il est trop fort pour moi, je vous en laisse l’usage !

J’aurais au moins réussi à contenter mon envie débordante. Cette petite satisfaction personnelle mérite bien une cigarette…

Allez, faites-en bon usage !


* http://golfes-dombre.nuxit.net/mots-rares/a.html
** http://www.cnrtl.fr/lexicographie/didactique

dimanche 28 octobre 2007

La vie devant soi

La vie devant soi*, c’était pour moi, jusque là, un livre. Un très bon livre, beau et laid à la fois, que j’avais aimé lire, que dis-je, que j’avais dévoré à la vitesse à laquelle on avale une tablette de chocolat les jours froids dehors et dedans.

Une lecture bourrée de réalité sur l’apprentissage de la vie qui «ne pardonne pas», sur le passage de l’ignorance à la souffrance de l’adulte à un âge où l’on stagne, en principe, et un certain temps, sur la case insouciance en entamant largement le solde du compte indifférence.

Tout cela, je n’arrive à en parler qu’aujourd’hui, presque deux ans après avoir achevé ma lecture, parce qu’aujourd’hui j’ai compris. J’ai compris la vie et la peur de vivre. J’ai compris la souffrance et regrette parfois l’insouciance. J’ai compris la réalité et envie parfois l’indifférence.

Cette nouvelle conscience je la dois au fait d'avoir grandi et vécu depuis, mais je la dois également à La vie devant soi mise en scène au théâtre**. Je vais peu au théâtre et ne vois le plus souvent que des vaudevilles. Cette pièce était donc mon baptême du théâtre classique. Et quel baptême !!!

Des acteurs magnifiques, une mise en scène de l'essentiel et une émotion littérale et transcendantale. J’ai certes l’émotion à fleur de peau mais il s’agissait ici de plus, d’autre chose. J’ai applaudi avec mon cœur ne sachant comment arrêter mes larmes. Les sanglots me débordaient, à cet instant. J’étais tant heureuse «que je voulais mourir parce que le bonheur il faut le saisir pendant qu’il est là». J’avais pourtant enfin bien saisi que «l’humanité n’est qu’une virgule dans le grand livre de la vie». J’avais bien saisi que si l’humanité est si peu, moi je ne suis rien ou presque. Mais, après tout, quelle importance puisqu’ «on ne peut pas vivre sans quelqu’un à aimer» et que j’aime.

Il faut aimer.


* GARY, Romain. – La vie devant soi – Folio 2006.
** Si vous le pouvez, allez-y. La pièce se joue au théâtre Marigny jusqu’à la fin de l’année : http://www.evene.fr/culture/agenda/la-vie-devant-soi-18818.php

dimanche 23 septembre 2007

People or not people

Je me disais qu'il était peut être temps de mettre fin à ma vacuité ; que celle-ci avait peut être assez duré ; qu'il était peut être temps que je relance la machine avant qu'elle ne rende son dernier souffle.
Je me remets donc en selle - que de métaphore bien connue aujourd'hui - et vous parle de People or not people ou comment rêver sans trop se fatiguer (je suis pleine de courage en ce moment!!!).

La trame base de People or not people est quasi identique à celle de Le diable s’habille en Prada, à tel point que pendant une petite centaine de pages, je me suis demandée si je n’allais pas revivre Le diable… Puis d’un coup tout s’éclaire et nous voilà rendu au cœur des folles nuits New-Yorkaises où ce n’est que strass, paillettes et poudre aux yeux (quand ce n’est pas dans le nez) !

Qu’importe, l’espace d’une lecture, je me suis vue allant de soirée en soirée, dépensant sans compter l’argent de ma société, ne buvant que du « cristal » du matin au soir et du soir au matin, et ne fréquentant que les lieux les plus « hype » de NYC.
La midinette qui sommeille en moi a plus qu’apprécié le voyage.
Puis le réveil a sonné et il m’a fallut remonter dans le RER D.
Merci pour le rêve, Lauren WEISBERGER ;-)


WEISBERGER, Lauren. – People or not People – Pocket, 2007.

mardi 4 septembre 2007

De l’amour et autres mensonges

Ces derniers temps, j’ai décidé de me la couler douce ! Un effet secondaire des vacances, semble-t’il, me porte à ne rien faire, encore et encore… Qu’importe ! D’autres sont plus qu’inspirer ! Voici donc en avant-première, Dine2Paris qui a voulu nous faire part des ses impressions sur De l’amour et autres mensonges* de Lucia ETXEBARRIA.
Et quand vous en aurez fini, vous pourrez la retrouver sur son blog (http://dine2paris.blogspot.com) sur lequel elle nous distille, sans nulle autre pareille, des bouts d’elle et de ses petits doigts.
Quant à moi, je retourne à ma vacuité céleste…
Bonne lecture !

Le roman commence par une histoire de suicide et l’on s’aperçoit rapidement que l’héroïne, pour qui je n’ai ressenti, tout le long du livre, qu’antipathie, est psychologiquement fragile. On devine bientôt qu’il s’agit d’une histoire d’amour mais on sait inconsciemment que celle-ci non seulement ne finira pas bien, mais ne se déroulera pas bien non plus.

Le premier quart du livre nous fait faire la connaissance de Ruth, donc, de son histoire et de ses multiples facettes. Les paragraphes se suivent, se digressent, virevoltent au gré des pensées de l’héroïne, très prolifiques, jusqu'à nous dresser un tableau d’ensemble plutôt satisfaisant, une héroïne très humaine, très proche, dont on envierait presque la vie.

Puis tout bascule. L’auteur nous emmène alors dans la description de son histoire d’amour pendant une moitié du livre. Histoire d’amour, ou plutôt non-histoire d’amour, histoire de la destruction de l’héroïne. C’est là que toute la sympathie éprouvée pour cette jeune femme de 33 ans se désagrège au fil de ses caprices, de ses angoisses de lycéennes, de ses retours en arrière et de ses actes manqués envers un petit « morveux » de 25 ans qui ne méritait que son petit destin de mari de bourgeoise de province. Ceci est très personnel, mais à de nombreuses reprises, prise d’une envie d’administrer à l’héroïne une bonne paire de claques, j’étais tiraillée entre l’envie de fermer le livre, ou de poursuivre en espérant que l’auteur « réveille » son héroïne, lui ouvre les yeux sur sa pitoyable histoire, ou l’achève en grande pompe.

Mais non, Lucia Etxebarria poursuit son but : nous montrer que l’image que l’on a des gens n’est jamais que la manière dont on accepte de les voir, incapable finalement de les voir, puisque continuellement à la recherche de notre image en eux ; une personne décidée, jeune et active pouvant alors se révéler paumée, angoissée et disons-le perdue dans ses propres méandres de pensées. Le portrait typique de la personne dotée d’un manque absolu de confiance en elle et paranoïaque, mais que les « gens », à l’aide des médias, ont décidé de voir comme une personne capricieuse, si ce n’est comme une personne (un peu) « folle ».

Et je suis tombée dans le piège la tête la première. Incapable de la moindre compassion, de la moindre indulgence pour cette personne censée être adulte et lucide (mais est-ce une suite logique ?), je bouillais pendant la moitié du livre, attendant que Ruth se lève, file une flanquée à son Juan et le mette dehors. Ce qui n’arrivera pas, bien entendu, toute détruite qu’est l’héroïne à la fin de son histoire, qu’elle ne veut même pas voir d’ailleurs.

Puis vient la fin du livre, apportant quelques réponses sur le pourquoi d’un tel comportement et quelques espoirs pour le futur de cette fille paumée. Cette partie fut plus intéressante, non seulement car on y lit un juste retour des choses quand l’héroïne est couronnée de succès et son Juan parti déprimer sur son avenir morose, mais aussi parce que l’héroïne semble plus mature. On se dit « «Enfin ! ». Mais Lucia Etxebarria ne nous laisse pas là, sur une fin « conventionnelle », mais nous quitte sur l’image de son héroïne toujours aveugle sur sa propre personnalité, tiraillée entre son « être », son « vouloir être » et son « paraître ».

Car c’est peut-être là que réside la force du travail de l’auteur : nous faire prendre conscience de notre propre contradiction : passer sa vie à vouloir être ce que nous croyons être, à des années-lumière de ce que nous semblons être dans le regard des autres.



* EXTEBARRIA, Lucia. – De l’amour et autres mensonges – Editions 10/18, 2007.

samedi 11 août 2007

Improbable

Originairement (ou originellement d’ailleurs : il s’avère qu’après vérification les deux sont synonymes ; tellement synonymes qu’ils en ont les mêmes définitions) ; originairement donc, improbable a deux sources étymologiques :
- tantôt il signifie, en tant qu’emprunté à improbabilis : « qui ne mérite pas d'être approuvé » (ou qui mérite d’être improuver, c’est-à-dire désapprouver ou blâmer – je m’amuse comme une petite folle avec ces dictionnaires en ligne ! ) ;
- tantôt il signifie, en tant que dérivé de probable précédé du préfixe im- : « qui ne peut être prouvé, difficile à prouver ».

Alors emprunté ou dérivé, notre improbable ?

Continuons.

Définitionnellement, l’improbable est ce qui n’est pas probable ; ce qui a peu de chance de se produire. En raisonnant a contrario à la vue de la définition de probable, l’improbable est ce qu’il n’est pas raisonnable de supposer, de conjecturer, de prévoir, ce qui n’a pas beaucoup de chance de se produire.

Donc, l’improbable s’il se produit est une chance et vouloir l’improbable c’est être déraisonnable dans ses suppositions. Je suis déjà fan !

La raison agit donc sur l’improbable pour l’empêcher de se produire. A l’inverse, donc, s’il se produit, l’on pourrait dire que l’improbable est le fait du cœur ! Seuls les sentiments créeraient l’improbable, alors …

Terriblement romantique. Un ange passe, il joue de sa petite harpe, me regarde en souriant de toutes ses dents sans regarder où il va… et se tape le mur de ma réflexion.

De quel point de vue se place t’on ?! Et quand distingue t’on le probable de l’improbable ? Qui décide, donc, et à quel moment, que telle ou telle chose est improbable ? L’ « improbabiliser* » avant qu’elle n’arrive ne la rend t’elle pas probable ? A l’inverse, n’est-ce pas absurde d’ « improbabiliser » une chose qui est arrivée et qui est donc devenue probable ?

L’improbable existe-t-il réellement en tant que tel finalement ? …

A tout prendre, je retiendrais ici que le probable est une certitude raisonnable et que l’improbable est une chance doucement déraisonnable. A choisir donc je voudrais vivre pour l’improbable…


* Oui, je sais, ce verbe est terriblement inexistant. Sachez l’apprécier tel que et je vous ferais grâce de son contraire…

samedi 4 août 2007

Vacances

Comme beaucoup, à cette époque de l’année, j’ai pris des vacances. Et dans ce cas, je pars sans rien qui me relie ni à mon travail (le plus souvent…), ni au monde moderne (mon téléphone portable mis à part : lui et moi sommes inséparables… Si, si, je vous jure, sans moi il pleure puis s’éteint à petit feu tel un pauvre Tamagoshi lâchement abandonné au profit d’un Nintendogs Teckel à poil dur… ).

Digression inutile mise à part, j’ai pris des vacances donc et me suis employée à répondre autant que faire se peut à la définition de ce terme. En effet, étymologiquement « vacances » vient du latin « vacare » qui signifie « être vide ». D’où une jolie définition qui nous apprend que les vacances confine à l’état de ce qui est vacant, vide, inoccupé ; vide de tout et donc d’intellect. L’intellect étant la faculté de connaître et de comprendre, les vacances sont donc une manière d’être ou plutôt une manière de ne pas être ou de n‘être pas, c’est selon…

Si on pousse encore plus loin : un des synonymes de vacances est vacuité qui signifie littéralement : absence de pensées, d'idées, de contenu, de consistance.

Tout un programme donc auquel je n’ai pas su totalement me soumettre ! Car si j’ai bien réussi à faire le vide des petites contrariétés que charrie la vie professionnelle à longueur d’année, je n’ai pas su me rendre vide de toutes pensées et de toute consistance. A moi, somme toute, le luxe des plages de cailloux de l’Allier, langoureusement échouée sur ma serviette, sous un saule pleureur qui dans la lumière du soleil ressemblait à un palmier, sur laquelle je me suis adonnée à la lecture attentive de Public, Voici et de People or not People** de Lauren WEISBERGER.

Le contraste est saisissant, et je puis pourtant affirmée que je ne m’étais pas sentie aussi bien depuis des mois.

Je redéfinirai dès lors les vacances à ma sauce : se vider de la vie professionnelle et de ses soucis, qui finalement n’en sont peut être pas, et se remplir d’autres considérations, parfois futiles, plus aptes à nous aider à prendre du recul par rapport à tout cela. Se sentir revivre. Sentir les ailes de la créativité reprendre leur développement là où on les aurait cru définitivement atrophiées, et ce même si cela ne tend qu’à nous permettre de réaliser le plus joli entassement de cailloux de la création – la nôtre, certes - ne symbolisant rien de plus que notre désir d’être à nouveau enfant.

Aaaahhhh…. Les vacances….

J’aurais quand même tenté de retenir le contenu et la consistance de moi-même en achevant la lecture des livres suivants :
- Les mots*** de SARTRE,
- Une gourmandise**** de Muriel BARBERY,
- Les chevaliers du subjonctif***** d’Erik ORSENNA (suite de La Grammaire est une chanson douce),
- L’alchimiste******* de Paolo COELHO.

J’ai également commencé Esquisse d’une théorie des émotions*** de SARTRE (encore) que j’ai rangé jusqu’à une prochaine retraite dans un monastère (le silence, rien que le silence, me sera nécessaire pour achever ce petit essai) et La nausée*** de… SARTRE (toujours… ma monomanie 2007…) que je ne désespère pas de finir.

J’ai donc plein de choses à dire sur tout cela. Reste à trouver le temps pour tout ordonner !

A tous donc, je souhaite, une fort bonne vacuité aussi douce que fut la mienne !

* Les définitions sont issues du site Internet du Centre nationale de Ressources textuelles et lexicales (http://www.cnrtl.fr/)
** WEISBERGER, Lauren. – People or not People – Pocket, 2007.
*** SARTRE, Jean-Paul. – Les mots / Esquisse d’une théorie des émotions / La nausée – Editions Gallimard, 1972 / Editions Gallimard, 1972 / Editions Hermann, 2005.
**** BARBERY, Muriel. – Une gourmandise - Editions Gallimard, 2002.
***** ORSENNA, Erik – Les chevaliers du subjonctif - - Editions Stock, 2006.
******* COELHO, Paolo. - L’alchimiste – Editions J’ai Lu, 2007.

dimanche 15 juillet 2007

L'existentialisme est un humanisme

Jean-Paul SARTRE, moi, jusque là, je ne connaissais pas ! Enfin, si ! Je savais que c’était un philosophe et un écrivain, qui, selon les mots d’Albert DUPONTEL, « avait écrit à sa mère »… Je savais aussi qu’il avait partagé sa vie avec Simone de Beauvoir (que je n’ai jamais lu non plus… que de retard, j’ai !).

Maintenant, je ne dis pas que je connais … Mais m’en passer va devenir difficile !

Avant de me lancer dans le vif du sujet, je me permets un avertissement : l’interprétation que je vais vous en donner m’est toute personnelle. Tout est, en effet, question de subjectivité.

Sur les conseils de lecture éternellement avisés de Zébulon, j’ai fini par attaquer L’existentialisme est un humanisme*.

Qu’ai-je ressenti ? Non sans avoir peinée à certains endroits, c’était un peu comme si SARTRE lisait dans ma tête, comme s’il réussissait à traduire – enfin – la façon dont j’envisage de traverser la vie.

Qu’en ai-je compris ? « L’existence précède l’essence. »

L’homme n’est pas définissable a priori car il n’est d’abord rien. « Il ne sera qu’ensuite, et il sera tel qu’il se sera fait. » Et, partant, de ce qu’il est, il se devra d’en être responsable ; être responsable non pas de sa « stricte individualité, mais (…) de tous les hommes. »

Car « il n’est pas un de nos actes qui, en créant l’homme que nous voulons être, ne crée en même temps une image de l’homme tel que nous estimons qu’il doit être ».

Car l’ « on doit toujours se demander : qu’arriverait-il si tout le monde en faisant autant ? et on échappe à cette pensée inquiétante que par une sorte de mauvaise foi. »

La nature humaine n’est alors jamais figée, il n’y a dès lors pas de déterminisme : l’homme est libre – il est la liberté – et l’homme est responsable de cette liberté.

Nos actes nous déterminent donc, et, nous déterminons nos actes. L’existence précède l’essence c’est donc s’inventer chaque jour en faisant les choix nécessaires à notre projet.

L’ « homme n’est rien d’autre que son projet, il n’existe que dans la mesure où il se réalise, il n’est donc rien d’autre que l’ensemble de ses actes, rien d’autre que sa vie ».

Qu’en ai-je retenu ? La réalité à l’état brut, entre dureté et optimisme…
Un minimum de maturation me sera sûrement encore nécessaire mais je pense que je saurais en faire bon usage...

Sur ce, il eût fallu que je songe à sortir la chaise longue pour avancer dans la lecture de Les mots**, tout en faisant griller les pattes de poulet cru qui me servent de jambes… Voici pour les actes, sachant que le projet poursuivi ici est le repos total et un teint moins pâlot.

Et si tout le monde en faisait autant ? … Franchement, mauvaise foi ou pas, je le leur souhaite !

* SARTRE, Jean-Paul. – L’existentialisme est un humanisme – Editions Gallimard, 1996.
** SARTRE, Jean-Paul. – Les mots – Editions Gallimard, 1964.

lundi 9 juillet 2007

Ecrire

Ô que le temps file vite sans même me laisser une minute pour trouver l'instant de m'adonner à tracer mes pensées et à les coucher sur le papier avant qu'elles ne m'échappent à nouveau.

Les idées sont nombreuses, elles se bousculent faute de place à force de s'entasser.
J'en laisse jaillir une, à la suivante maintenant …

Je n'oublie pas de lire, cependant.

Achever de lire il y a peu et aptes à être commentés à l'envie :
- L'existentialisme est un humanisme* de Jean-Paul SARTRE ;
- La grammaire est une chanson douce** d'Erik ORSENNA.
De grands remerciements à Zébulon pour ses conseils de lecture toujours aussi avisés ! ;-)

Et, hélas, un nouvel échec de lecture à mon actif ! Non pas que je n'ai pas apprécié l'écriture de l'auteur mais son livre et moi n'étions pas, aujourd'hui, faits pour nous entendre sans que j'en reste à terre... Tomber sept fois, se relever huit*** de Philippe LABRO ou comment j'ai bien cru étouffer de ma trop grande implication dans mes lectures… A mi-chemin, je l'ai enfoui loin, le plus possible de moi, espérant qu'il ne referait surface que lorsque je me saurais prête à l'achever…

La suite au prochain épisode ! A très vite !

* SARTRE, Jean-Paul. - L'existentialisme est un humanisme - Editions Gallimard, 2006.
** ORSENNA, Erik. - La grammaire est une chanson douce - Editions Stock, 2007. 
*** LABRO, Philippe. - Tomber sept fois, se relever huit - Editions Gallimard, 2005.

dimanche 24 juin 2007

« Le tag »

Rien à voir avec une explication de cet anglicisme qui désigne, dans notre français d’ici, un graffiti. Non, non, non ! Que nenni ! Me voici victime de la réglementation, appelons cela un usage, en vigueur sur le net en général et sur les «blogs» en particulier !

En effet, les «tagués» doivent écrire sur leurs «blogs» sept choses à leur propos ... ainsi que ce règlement. Vous devenez ensuite «tagueur» et devez «taguer» sept autres personnes et les énumérer sur votre «blog». Vous laissez alors sur les «blogs» de ceux que vous souhaitez taguer un commentaire leur indiquant qu’ils ont été tagués et les invitant à lire votre «blog»…

Okay ! Je vais me plier de bonne grâce à cet exercice. Je décline cependant toute responsabilité ! Car à coup sûr, les uns et les autres, se diront mais pourquoi parle t’elle de cela plutôt que de ceci qui la définit mieux ? Je vous avertis donc : le but n’est pas de me définir ; d’ailleurs en sept points cela me paraît improbable de faire le tour de la chose !

Un second avertissement tant que j’y suis : je connais si peu de «blogger» que je vais être bien en peine d’en désigner sept … Et la quasi seule et unique «bloggeuse» que je connais vient de me «tagguer» … Me voilà don’ mal barrée !

Tant pis, vous l’aurez voulu ! Voici sept choses à mon propos.

- Je suis juriste. C’est un métier comme un autre. Mais ce n’est pas mon métier que j’aime mais ce qu’il m’amène à faire : jouer avec les mots ! Il est le début de mon envie d’écrire sans frein…

- Je déteste être enfermée sauf parfois en moi-même. Rien de tel que l’air libre et si possible celui de la campagne : un après midi de printemps lascif, allongée dans un hamac sous un pommier dans un verger, de l’herbe à moitié haute, à moitié basse, les yeux mi clos, le bruit doux des insectes, une légère brise qui caresse les feuilles d’une rangée de peupliers ou les blés mûrs d’un champ tout proche … Ne me demandez pas d’où cela vient mais sans vraiment m’en souvenir, j’ai l’impression de l’avoir déjà vécu…

- J’aime la pluie. Une douce pluie qui murmure sur les feuilles et joue sur un toit de tôle. Elle me lave de mes soucis et les emporte un instant.

- J’adore écrire plus que parler : déformation professionnelle … Ma phrase préférée lorsque je dispense une formation : « Mea culpa si je vous parais confuse à l’oral mais cet exercice ne m’est pas naturel. Je suis plus à l’aise derrière mon écran d’ordinateur, le nez dans mes bouquins ».

- J’adore lire et recherche dans les nombreux livres que je dévore, selon les mots de Kundera, ce qu'est la vie humaine dans le piège qu'est devenu le monde*. Être entourée de livres me protège. Ils sont mon rempart contre les agressions du quotidien. Rempart mais également source de solutions. Tout problème à une solution mais encore faut-il déterminer celle qui nous convient. Voici ce que je recherche dans les livres : ma solution.

- J’aime les gens : autant mes proches de longue date (ou de courte d’ailleurs !) que découvrir de nouvelles personnes et de nouvelles façons de penser. Le contact avec l’extérieur m’est vital, sinon je me dessèche de l’intérieur.

- Je suis une dépendante autonome. Reste à savoir envers quoi ou qui et dans quel ordre ! :-p

Voilà, voilà… Maintenant, je ne «taggue» personne mais toutes celles et tous ceux qui souhaiteraient faire de même sans pour autant avoir de «blog», peuvent en faire état dans les commentaires ou, pour les plus pudiques de mes connaissances, à mon adresse «gmail».

Merci Dine2Paris pour cet exercice imposé :-)


* KUNDERA,Milan. – L’insoutenable légèreté de l’être

samedi 16 juin 2007

Boute-en-train

Ce fort joli assemblage de mot est sûrement plus connu à notre ère pour son sens figuré et familier. En tout cas, pour moi et jusque là, un boute-en-train était une personne apte à mettre tout le monde en train, en gaieté*. Une personne non dénuée d'humour donc !

Alors que ne fût pas ma surprise de découvrir l'air peiné de mon Reginaburgien** préféré alors que je le traitais, sur le ton de la taquinade*** somme toute, de petit boute-en-train.

Chiffonné mais pas rancunier, il m'apprit alors qu'à l'origine, boute-en-train est un terme lié à la reproduction des chevaux. Le boute-en-train est, en effet, un cheval mâle que les éleveurs utilisent pour détecter les juments en chaleur. L'éleveur s'assure cependant que ce mâle ne puisse pas saillir la jument qui est dès avant destinée à un étalon qui sera, lui, le reproducteur.

De fort jolie manière, il peut également être dit que le boute-en-train est un mâle qui est là pour amener au plaisir.

Je promis donc de ne plus le qualifier ainsi et de m'employer à rechercher un terme moins lourd de sens. 

Loustic
par exemple ? ;-)


* Laboratoire d'Analyse et de Traitement Informatique de la Langue Française - http://atilf.atilf.fr
** Natif de Bourg-la-Reine.
*** J'assume la mauvaise maternité de ce mot. Je n'en trouve pas d'adéquat à ma pensée.

La pause

Ariel Kenig n'a que 23 ans et son écriture me stupéfie ! Je ne suis pas bien plus vieille mais je ne me souviens pas, à cet âge, avoir pu être en mesure de penser comme lui. Non. A 23 ans, j'étais encore sur les bancs de la fac et l'insouciance était ma principale qualité…

Toujours est-il que La pause*, son second livre, m'a profondément troublée. Il y décrit un jeune homme orphelin de mère et dont le père travaille à l'usine Renault située à un pont de distance de l'HLM qu'ils occupent, et qui décide, un matin, de s'exiler dans son appartement. Il ne souhaite plus en sortir. Et là commence la remise en question d'un avenir qui semble déjà routinier et complètement obstrué par le passé.

Dès la porte refermée, j'ai commencé à étouffer. Le rythme lymphatique et pourtant effréné de ses journées a vite rendu irrespirable mon alentour et il m'a fallu précipiter cette lecture afin de pouvoir en sortir vivante.

Le rendu de l'écriture douce et calme d'Ariel Kenig est violent et son cynisme est plus que palpable.

Mais – et c'est le deuxième effet "Kiss Cool" – cet écrit n'est finalement pas tant dénué d'expectative que cela. Car le livre achevé, je n'avais qu'envie de m'agiter et de secouer mon quotidien avant qu'il ne m'avale et que l'ankylose ne me gagne…

Bonne apnée :-)


* KENIG, Ariel. – La pause – Editions Denoël, 2006

Thuriféraire

Mais qu'est-ce donc que ce mot ?! Sans en connaître le sens, à première vue, j'étais tentée de le rattacher au champ lexical de la terre. En effet, sans aucune raison, mon esprit dérangé le rattachait à tourbière… J'aurais sûrement dû le faire taire (terre… oui, je sais j'ai bouffé un clown) !

Eh bé oui, parce que dans la liturgie catholique, un thuriféraire est un clerc chargé de l'encensoir au cours des cérémonies solennelles.

Bien, bien, bien… Je ne suis pas prête de pouvoir m'en resservir de celui-là…

Mais heureusement thuriféraire a un autre sens ! Un thuriféraire est en effet une personne qui chante, sans mesure, la louange de quelqu'un ou de quelque chose. Dans un sens plus commun, un thuriféraire est un flatteur.

Et que n'avais-je pas découvert là ?! Au détour de la page afférente à ce mot dans le dictionnaire des synonymes : une source inespérée et quasiment inépuisable de mots comptent triple que je m'empresserais de jeter à la figure du prochain qui se paiera la mienne !

Et ces synonymes forts sympathiques les voici :
- Adulateur (sur l'existence lexicale duquel je n'aurais pas parié) ;
- Encenseur (chargé de l'encensoir donc … la langue française est magnifique…) ;
- Flagorneur (ce mot a le don de me faire sourire) ;
- Laudateur (dérivé du verbe louer) ;
- Panégyriste (terriblement ancien donc terriblement irrésistible !) ;
- Dithyrambiste (que mon dictionnaire en ligne se refuse à valider…).


Noter, en outre, qu'à partir de maintenant, je n'accepterai plus que des compliments…

Faites en bon usage ;-)

samedi 9 juin 2007

Parenthèse

Ouvrez la parenthèse.

Que de définition pour un mot si banal. J’aime les mots banals autant que les mots inusités, parce que ce sont souvent ceux qui peuvent avoir plusieurs sens. Et c’est dans cet aspect d’extérieur laid et conventionnel que souvent se cache une richesse pure et profonde.

Une parenthèse donc …

En premier lieu et dans le sens commun, une parenthèse est un procédé stylistique consistant à insérer dans le corps de la phrase principale un élément grammatical autonome (mot, proposition, phrase...) qui en précise le sens ou introduit une digression*.

Waouh … Je ne pensais pas de prime abord qu’une si petite chose, puisse avoir une si longue définition et finalement un si grand rôle à jouer ! C’est un second rôle certes mais sans lui, le rôle principal s’avèrerait dénuer de sens. Et c’est encore et également un rôle isolé, mis à l’écart, à l’abri des regards : son action est dénuée d’intéressement. Le meilleur rôle à mon sens…

Mais une parenthèse ce n’est pas que cela : au-delà de ces deux petits arcs de cercle que l’on trace nonchalamment lorsque l’on veut digresser ou préciser les choses, le figuratif existe bien.

En second lieu en effet et dans le sens figuré, une parenthèse est également un épisode plus ou moins long de l'existence, qui est considéré comme accessoire ou extérieur au déroulement normal de cette existence*.

Le parallélisme avec la définition propre du sens commun est frappant : le procédé stylistique est devenu un épisode considéré comme accessoire (qui précise donc) ou extérieur (qui digresse alors) à l’existence normale (la phrase principale… soit dit en passant normal et principal sont-ils vraiment synonymes ?...).

Le sens étant précisé, cela ne nous dit pas comment les parenthèses se doivent d’être manier. Comment s’ouvrent-elles et qui les ouvre ? Comment les refermer ; qui le décide surtout ? Comment s’intègrent-elles à l’existence normale ? Et nous mettent-elles vraiment à l’abri … ?

Tout cela est bien troublant.

Une autre définition me trouble : au sens figuré, « mettre (qqn, qqc.) entre parenthèses » signifie négliger, exclure, faire abstraction de*. N’est-ce vraiment que cela ? Ce que l’on considère comme une parenthèse ne fera, dès lors qu'elle sera refermée, plus partie de nous, de notre vie ?

D’une seule question fort simple à laquelle je connaissais la réponse, j’en arrive à une foultitude de nouvelles questions auxquelles je n’ai pas les réponses ; parce que chaque situation est différente et mérite une réponse adaptée (on dirait une pub…).

Dans l’attente d’avoir les solutions, je mets ces questions entre parenthèses et m’en vais rejoindre mon existence principale.


Fermez la parenthèse.



*
Laboratoire d'Analyse et de Traitement Informatique de la Langue Française - http://atilf.atilf.fr

dimanche 3 juin 2007

Racine ou le choix cornélien

En bonne élève qui ne demande qu’à apprendre mais également en probable descendante de Saint Thomas, j’ai voulu m’attaquer à Racine après avoir avalé deux pièces de Corneille et ceci afin d'éprouver les propos comparatifs qui m'avaient été tenus à leurs sujets par un passionné de littérature qui ne lit jamais sans raison…

Quant à Corneille, je me suis déjà exprimée (27 mai 2007). Je ne m'en suis d'ailleurs toujours pas remise : par une écriture alambiquée et dépassée, le message semble mieux passer… Ô comme achever Corneille m'a empli de tant de regrets ! Il m'a alors fallu revenir à mon ère moderne et à c mod' de com' rapide et tro cil-fa ...

J'avoue, je noircis le tableau et ce alors même que je ne suis pas la dernière à faire usage du langage Short Message Service … Mais que celui qui n'en fait jamais usage me jette le premier téléphone portable !!

C'est donc la honte et la volonté de faire allégeance de ces mésusages qui me poussent ici à faire emploi de mots et de tournures de phrases inutilisables sur un tchat' sauf à voir mon correspondant se déconnecter rapidement "parce qu'il y a un truc qui crame sur le feu" …

Digression mise à part, et dans le but que je m'étais fixé, j'ai débuté la lecture de Britannicus*. Débuté seulement parce que voilà une dizaine de jours que je le prends, en lis deux pages, le repose… Puis le reprends, en lis une page, puis le repose… Les pages défilent suffisamment lentement pour que je puisse y entendre quelque chose et pourtant… Le style est lourd comparé à la légèreté de Corneille, l'intrigue semble terriblement rébarbative et l'envie de le ranger est pressante et pesante.

Peut être ai-je mal choisi pour commencer ? Un autre titre peut être ? C'est Bérénice que je cherchais, mais le libraire ne l'avait plus. Je me suis donc rabattue sur celui-là…. Peut être que si j'avais pu commencer par Bérénice ?

En tout cas et pour l'heure, Britannicus et son auteur vont rejoindre les rayonnages. Peut être qu'un peu de poussière sur la couverture me le rendra enviable…


* RACINE, Jean. – Britannicus – Editions Gallimard, Collection Folio Classique, 2006.

dimanche 27 mai 2007

Le cid

Comment ai-je pu tant de temps les ignorer
Ces écrits de Corneille si doux et si rythmés ?
Comment jusqu'à 30 ans ne les ai-je reniés
Sans voir qu'au fond d'iceux mon cœur s'abimait ?

Le cid* m'a tour à tour captivée, subornée ;
De tant de réalisme me voilà donc charmée.
Et de passion contrainte en honneur offensé,
De cet ancien langage l'envie me prend d'user.

Voilà, c'est ainsi fait ... Le plaisir est fugace,
Sachons le faire durer avant qu'il ne s'efface
Et nous laisse orphelin.

                                 Qu'importe, il reviendra…


* CORNEILLE, Pierre. - Le Cid.
(Lu via le site de la Bibliothèque Universelle - http://abu.cnam.fr/index.html)

Nota Bene : la scène que j'ai préférée est, sans conteste, la scène IV de l'acte III. Je pourrais la relire des centaines et des centaines de fois, que les poils se dresseraient toujours sur mes bras :-)

dimanche 20 mai 2007

L'indéfinissable Benacquista

J'ai lu plusieurs des livres de Tonino Benacquista sur les conseils avisés d'un ami, tant bibliophile que bibliovore, et j'ai plus qu'apprécié cette découverte inspirée. Chacun de ses livres est différent et les émotions qu'ils suscitent le sont également.

Quelqu'un d'autre m'a laissé dans le trouble. Saga m'a profondément diverti sans pour autant me laisser indifférente à la réflexion. Puis La boîte noire m'a retournée le cerveau avant que je ne sois à nouveau soustraite à la réalité, ou presque, par Malavita.

Des thèmes aussi divers que variés y sont abordés : la peur du changement, le mensonge, la dépendance télévisuelle, la rédemption… Et tout cela avec beaucoup d'humour, d'ironie et un soupçon d'exagération parce qu'il ne s'agirait pas de se prendre trop au sérieux !

Sur les quatre lus, je ne vous parlerai cependant que de Quelqu'un d'autre.

Dans Quelqu'un d'autre, donc, les deux protagonistes, à la suite d'une soirée arrosée, n'hésitent pas à prendre le pari que dans trois ans, ils auront changé, tout changé, et auront trouvé le courage de devenir quelqu'un d'autre, celui qu'ils ont toujours voulu être. Et le "jeu" est lancé et chacun à sa manière cherchera cet autre par des moyens parfois extrêmes. La recherche identitaire de chacun est passionnante et met en scène un panel de personnage adéquat à l'identification.

Quant à nos deux héros, plus précisément, comment ne pas comprendre leur révolte. Qui n'a jamais eu envie d'être quelqu'un d'autre ? D'être ailleurs ? De tout plaquer pour recommencer plus loin, autrement, différemment ? De bazarder les petites choses du quotidien qui nous empoissonnent contre d'autres qui semblent mieux adaptées, plus faciles.

Mais est-ce le bon choix ? Et ne serait-ce pas faire le choix de la facilité ?

Le débat est ouvert et j'y reviendrais sûrement car il m'est cher. A priori, je reste cependant persuadée que : "A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire" (1) …


Benacquista m'aura, somme toute et malgré lui, offert une certitude : vouloir être quelqu'un d'autre pensant se trouver peut nous perdre.


BENACQUISTA, Tonino. - Quelqu'un d'autre - Editions Gallimard, 2002. Saga - Editions Gallimard, Poche, 1999. La boîte noire et autres nouvelles - Editions Gallimard, Poche, 2004. Malavita, Editions Gallimard, 2004.
(1) CORNEILLE, Le cid.

Tractatus logo mecanicus (pensum)

Ou la mécanique de la pensée mise en équation…

Jean-Michel ESPITALLIER s'est résolu à répondre par une prose poétique drôle et délicieuse au "Qu'appelle t'on penser ?".

J'en suis sortie avec quelques nœuds au cerveau et certains passages auront nécessité plusieurs lectures successives (point de compréhension possible sans silence…) mais j'en ai retiré un tel plaisir que je n'ai qu'une envie : le relire encore et encore !

Ne vous en passez plus ! :-)

ESPITALLIER, Jean-Michel. – Tractatus logo mecanicus (pensum) – Editions Al Dante, 2006.


dimanche 13 mai 2007

Photographie

"Photographie" sera donc le second mot sur lequel je m'étendrai. Non pas parce que je viens de le découvrir mais parce qu'autant que le procédé, il me transporte. Le sujet mérite, en effet, que l'on s'y attarde un instant et ce, d'autant plus, depuis qu'un de mes amis, lors d'un déjeuner, a lancé sur la table entre plat de résistance et café :"Qu'est-ce qui peut bien motiver le besoin qu'ont les gens de photographier tout et n'importe quoi à n'importe quel moment ?".
C'est donc à cette question que je souhaite répondre car je suis moi-même de ces "gens", ce qui me vaut que ma famille ne sache plus vraiment quelle tête j'ai si mon appareil photo n'est pas collé à mon œil...

Au plan étymologique, le mot photographie vient du grec "phôtos" (lumière) et "graphikos" (écriture).

Au plan définitionnel, la photographie est un ensemble de techniques permettant d'obtenir des images permanentes grâce à un dispositif optique produisant une image réelle sur une surface photosensible (1).

Nous voilà donc face à une représentation fixe et permanente du réel, d'un moment présent qui nous permettra dans le futur de revenir sur le passé. On appuie sur le déclencheur et présent, passé et futur s'en trouvent ainsi réunis.

Saisir l'instant présent et maîtriser un moment la fuite du temps. Un désir, presque un besoin, car le temps file sans nous, parfois presque contre nous. Il tisse nos vies bien trop vite sans que l'on puisse en saisir tous les instants, tous les éléments qui la composent. Faire perdurer ce qui ne devrait être qu'éphémère, le rendre à notre postérité : la photographie est donc un moyen d'en saisir plus et de pouvoir surtout y revenir.

Et c'est aussi figer les sourires et les moments de bonheur afin de pouvoir les invoquer plus tard, lorsqu'ils seront utiles, lorsque le ciel sera bas et lourds. Savoir qu'ils sont là permet parfois de dépasser les périodes difficiles, lorsque le quotidien nous étouffe. Car s'ils ont été, ils seront à nouveau, n'est-ce pas ? Il faut l'espérer en tout cas car le futur nous le doit…

La photographie c'est donc tout cela : profiter de l'instant, le figer pour plus tard et constituer une forme d'espoir.


(1) Laboratoire d'Analyse et de Traitement Informatique de la Langue Française - http://atilf.atilf.fr.

Amphigourique

Amphigourique est un mot orphelin de toute étymologie car d'origine inconnue. On en trouve cependant traces, les premières, dans des écrits datant du XVIIIème siècle.

Croisé dans le livre de Philippe AUDEGUY, Fils unique, je n'eus de cesse que d'en déterminer le sens. Et quelle ne fut pas ma surprise de découvrir qu'un mot si obscur signifia justement ce qu'il semblait être !

Un propos ou écrit amphigourique est en effet un "propos ou écrit involontairement confus et inintelligible en raison de l'incohérence des idées et de l'expression" (1).

Le Littré fait plus simple puisqu'il le définit comme n'ayant "ni ordre ni sens" (2).

Si "nébuleux", "ténébreux" et "sibyllin" en sont les synonymes les plus approchants, "galimatias" gagne à en être rapproché. Encore un trésor inutilisable de la langue française…

A mon tour de me sentir orpheline, car je vois mal comment je pourrais user de ce terme dans un avenir proche sans me faire proprement vilipender ! Mais je ne baisse pas les bras, j'y réussirai bien !

En tout cas, faites-en bon usage !

(1) Laboratoire d'Analyse et de Traitement Informatique de la Langue Française - http://atilf.atilf.fr
(2) http://francois.gannaz.free.fr/Littre/accueil.php

mardi 8 mai 2007

Ferme les yeux

Entre les deux précédents livres, Fils unique et L'élégance du hérisson, Ferme les yeux* de François GANTHERET m'a attardé une petite semaine. Pas plus d'une semaine, en effet, car le nombre de pages qui compose cet ouvrage ne le place pas en tête des responsables de la déforestation ! Il est donc vite lu. Heureusement peut être car avec plus de pages, je n'aurais sûrement pas réussi à atteindre la fin…
Et attardé car retardé eut été légèrement inconvenant pour une écriture dont je ne méconnais, cependant, pas la qualité.

Je ne renie ni la qualité de l'écriture donc, ni l'inventivité du thème. Cependant, ces éléments ne me l'ont pas pour autant rendu attachant, haletant, ni même vraiment plaisant.

Les métaphores de l'aveuglement se succèdent sans répit afin de mettre à jour la conclusion selon laquelle il n'y a pas plus aveugle qu'une personne qui voit et nous porter ainsi à fermer les yeux pour mieux voir ce qui devrait nous les crever. Le thème n'est pas nouveau et la tentative louable. Elle écœure cependant un peu et donne parfois envie de fermer les yeux, justement, sur tant de complaisance.

Tout cela m'est apparu trop formel pour susciter une véritable émotion. Dommage, une telle histoire moins édulcorée eut été apte à nous crever le cœur bien avant de nous crever les yeux.


* GANTHERET, François.- Ferme les yeux – Editions Gallimard, 2007

L'élégance du hérisson

Décrire avec détachement L'élégance du hérisson* est un exercice difficile tant ce livre est plein des questionnements auxquels tout un chacun se trouve un jour ou l'autre confronté.

Exercice d'autant plus difficile que les problématiques abordées sont des plus subjectives et que les réponses apportées par l'auteure ne sont pas toujours des plus positives. Qu'importe ! Ce livre a déjà le mérite de fournir de nouveaux matériaux à ma réflexion.

Il aborde ainsi et notamment :

* Le rapport hystérique des adultes à la mort "alors que c'est pourtant l'événement le plus banal au monde".

* Le thème inusable de l'opposition ancestrale entre désir et besoins : les besoins seuls doivent être satisfaits, le désir ne pouvant nous mener qu'à l'épuisement de nous-mêmes et à notre propre chute. Et pourtant, le moteur de nos vies n'est-il pas alimenté par nos désirs, même pure convoitise, plus que par la satisfaction de nos seuls besoins ?

* La force des préjugés millénaires hâtifs et préconçus  que rien ne semble pouvoir contrer puisque l'habit est censé faire le moine en toutes circonstances.

* Le sens de la vie que les propos tenus par l'auteur brouillent de manière ostensible et volontaire et pourtant invisible pour qui est tout à sa lecture.

* Notre condition de simple primate civilisé dont l'éducation constitue un "dérivatif à la pulsion de l'espèce".

Une critique exhaustive serait cependant un pari perdu d'avance tant la diversité des sujets dans un si petit espace enivre la réflexion.

Entre absurdité de l'existence et programmation de l'espèce humaine à éviter la souffrance par la manipulation de soi-même "pour que ne vacille point le socle de nos croyances", l'on retiendra peut être et justement que l'absurdité justifie de continuer à désirer malgré les souffrances. "L'éternité nous échappe(ra)" de toute façon...


* BARBERY, Muriel. – L'élégance du hérisson – Editions Gallimard, 2006.
Les citations sont issues de l'édition précitée et figurent, respectivement, aux pages 22, 112, 113 et 101.

Fils Unique

Comme il faut bien commencer par quelque part, je débuterai ce journal lexicalo-littéraire par le dernier né de Stéphane AUDEGUY - Fils Unique* - dont j'ai achevé la lecture au début de cette année.

Par un florilège de mots et de tournures de phrases oubliés, Stéphane AUDEGUY nous conte la vie de François Rousseau, frère inconnu et ignoré de et par Jean-Jacques Rousseau et réussit à rendre sublime le climat de libertinage outrancier et de violence catholiquement correcte qui régnait au XVIIIème siècle.

Au fil des images fortes et précises, tant les mots utilisés s'avèrent adéquates, la fin du livre se précipite jusqu'à nous plus rapidement qu'on ne le voudrait et c'est fort marri (1) que l'on atteint la dernière page et que l'on se trouve obligé de refermer ce livre.

Une traversée historique du Siècle des Lumières divertissante, précieuse et délectable qui m'aura permis d'enrichir mon vocabulaire de mots magnifiquement inutiles !


* AUDEGUY, Stéphane.- Fils Unique - Editions Gallimard, 2006.
(1) Déçu.


dimanche 6 mai 2007

C'est décidé, je me lance...

Plusieurs mois que je m'interroge maintenant : vais-je m'afficher ou pas sur le net ?
Une longue discussion avec moi-même (et le plus souvent contre...) pour aboutir enfin à une conclusion : cet affichage, somme toute masqué, pourra être ma catharsis, et le moyen en sera l'écriture.
Voilà pour le
but.

Venons-en au sujet : sur quoi pourrais-je écrire ?
Comme l'indique le titre de ce "blog" : le sujet de mes écrits en sera les mots qui m'inspirent tant au travers de leur forme qu'au travers de leur sens. Ces mots "comptent triple" que l'ère moderne met au rebus car une communication moderne se doit d'être simple, rapide et accessible à tous : phrases courtes (sujet-verbe-complément) et mots de deux syllabes maximum. Je le déplore. Quoi de plus explicite que le mot juste fait pour l'idée et ce quelles que soient les lettres qui le composent, quelle que soit sa longueur ?
Sans pour autant m'opposer à l'évolution des choses en même temps que la société, je déplore le largage irraisonné de tout et n'importe quoi, à commencer par le langage, simplement pour augmenter la vitesse car ainsi nous ne faisons qu'aller plus vite dans le mur...

Je souhaite donc, par mon action, rendre hommage à notre "
langue, cette richesse de l'homme, et (à) ses usages, cette élaboration de la communauté sociale, (qui) sont des oeuvres sacrées. Qu'elles évoluent avec le temps, se transforment, s'oublient et renaissent tandis que, parfois leur transgression devient la source d'une plus grande fécondité, ne change rien au fait que pour prendre avec elles ce droit du jeu et du changement, il faut au préalable leur avoir déclaré pleine sujétion" (Muriel Barbery, L'élégance du hérisson - Editions Gallimard, 2006).

Je déclare donc par la présente pleine sujétion à la langue française et à ses usages. Sujétion que je remplirai par le commentaire des idées et émotions que suscitent en mon for intérieur certains mots, sachant que je n'ai parfois d'autre choix que de céder à une furieuse envie de déformer les mots afin d'y faire entrer mon idée...

Les mots ne suffisent cependant pas : il faut leur donner une forme, les arranger entre eux, former des phrases que le langage comprend. C'est là qu'entre en jeu la littérature et les livres. Mais attention ne vous y trompez pas, je n'ai pas vocation a critiquer le fond et la forme d'une littérature moderne ou ancienne. Je n'ai pas été suffisament instruite à cela pour avoir dans cet exercice une quelconque légitimité. Mon envie est ici de communiquer sur les livres que je lis (d'aucuns disent "dévore") et surtout sur les émotions qu'ils suscitent et sur les idées qu'ils développent. Commenter ma vision, la confronter au monde, adapter ma sensibilité...
Les livres sont, "autre paradoxe du livre, cette clôture sur soi qui n'est qu'ouverture au monde extérieur, même si ce monde est fantasmé, figuré, réinventé" (Mazarine Pingeot,
Ils m'ont dit qui j'étais - Editions Julliard, 2003).

Voila donc pour les
sujets...

Toutefois, le terme "blog" en tant qu'anglicisme conceptuel des plus vagues me permettra sûrement dans l'avenir de faire évoluer le contenu du présent journal personnel en ligne, faculté que je me réserve ici et d'avance. Ainsi, toute réclamation postérieure quant au contenu présent ou à venir ne sera pas recevable.

Subir ou fuir : à vous de choisir ! :-)