mercredi 25 mai 2011

Indignez-vous !


Petit concentré d'indignation à l'usage des générations actuelles ou simple acte de démagogie... ?

Le public a qui Stéphane Hessel s'adresse est-il en passe de comprendre les mots choisis et pesés d'un homme de 93 ans qui a vécu la guerre (autrement que virtuelle), la résistance (autrement qu'en plat) et l'espérance (autrement qu'en théorie)... ?

Et si on oubliait les autres pour s'en faire sa propre opinion ? Si on s'attachait au choix des mots et au tour de force que constitue ce manifeste : 30 pages seulement pour concentrer l'indignation de 6,5 milliards d'individus, 6,5 milliards d'individualité, 6 500 000 000 d'égoïstes en puissance.

Et si on le relisait...

Stéphane HESSEL. Indignez-vous ! Indigène éditions, 4ème trimestre 2010.

La mort lente de Luciana B.


Guillermo Martinez est mon premier auteur argentin et quelle douce expérience ! Une belle écriture, truffée de petits morceaux de littérature, française notamment, et d'intrigue policière romancée (remarquez l'ordre dans lequel je vous le présente...).

Luciana tape les romans que lui dicte un auteur. Elle est jeune, belle, célibataire et fraîche et lui vieillissant, est marié et à une petite fille. Leur relation est ambiguë, distante et pourtant caressante. Ou pas ? Il ne sait pas, n'ose pas puis tente. Elle le détruit alors : une plainte pour harcèlement met fin à l'équilibre pourtant fragile qu'avait atteint sa vie. Tout s'écroule : sa femme le quitte, emporte l'enfant qui meurt. Il est seul.

On les retrouve alors dix ans plus tard. Luciana, apeurée, contacte un autre auteur avec qui elle avait travaillé un mois durant, qui la connait et ainsi que l'autre auteur. Sa famille meurt peu à peu. Accidentellement d'après les rapports ; organisés par l'auteur qu'elle a détruit d'après elle. Mais elle ne peut pas le prouver.

Et nous non plus. C'est agaçant et très intriguant. Jusqu'au dénouement... tout aussi agaçant. 
Pari réussi, ce me semble.

Guillermo MARTINEZ. La mort lente de Luciana B. Robert Laffont, janvier 2011.

Les larmes de Tarzan

Mieux que le précédent livre de Katarina Mazetti que j'ai lu (clic) et aussi agréable à lire qu'Entre Dieu et moi, c'est fini. Il a un "chapitrage" bien à lui : le titre de chacun étant un bout de phrase tiré du chapitre lui-même.

Les personnages, quant à eux, n'ont rien qui sortent de l'ordinaire ce qui fait sûrement de Katarina Mazetti un auteur du réel. Ils sont parfois caricatural, certes. Mais la caricature de l'être humain ne vient-elle pas d'un réel parfois moins imaginé que l'on ne le veut bien le croire ?

Et l'histoire enfin. De l'amour, encore de l'amour. Une jeune mère de famille monoparentale, très pauvre, qui attend en vain le retour de son prince charmant un peu fou et très absent et un très riche célibataire dont une seule note de restaurant suffirait à couvrir le loyer annuel de la première.

Réussiront-ils à se trouver ? A s'attacher ? Et à laisser derrière eux ce qui créé un mur de fierté et d'égoïsme, pour le bien des enfants et peut être aussi le leur ?

Vous le saurez en lisant Les larmes de Tarzan de Katarina Mazetti, déjà dans vos bilbiothèques ! :)

Katarina MAZETTI. Les larmes de Tarzan. Actes Sud, collection Babel, octobre 2009.

vendredi 13 mai 2011

Trop longtemps...

Cela fait trop longtemps que je n'ai pas vraiment publié quelque chose que j'aurai écrit. Un texte écrit en dehors de mes Boubou/Doudou/Loulou (ou pour faire plus court : mes poilus) ou d'une consigne des Impromptus. Une idée à moi, formalisée, travaillée, reprise, déprise, dont je serais finalement éprise. L'envie reste pourtant bien vivace de saisir mon stylo pour aligner les mots et former des histoires, mes histoires. Reste à trouver le temps (fausse excuse).

Heureusement ! Pénélope est là pour m'aider à entretenir cette envie. La lecture de son blog est pour moi une bouffée d'air qui m'entraîne en pensée sur des chemins que je rêve d'arpenter plus souvent.

Et là, enfin ! à la suite d'un des derniers articles de Péné (lope, hein, pas les pâtes...), j'ai craqué.
C'est décidé : je me relance au rythme d'une phrase par jour. Une sorte de renaissance de Nulla Dies Sine Linea. Et dans le même temps, je me lance : je vais tester une méthode qui me fait l'oeil depuis longtemps, découverte également chez Péné : la méthode des flocons.

Et pour aujourd'hui le tampon est donné : mon daily stamp à moi. Dommage qu'on n'ait pas le droit à un coup de tampon par phrase, ça me permettrait d'avancer plus vite...

Mais revenons au projet. La phrase du jour (ou l'extrait, je n'ai pas encore décidé) se rattache à un projet né dans ma tête il y a quelques semaines. Impossible d'en parler parce que tout bouge sans arrêt à commencer par l'histoire. Mais je peux au moins dire que des 10 étapes que comporte la méthode, je suis en cours sur la 4ème et j'y prends un grand plaisir. 

J'ai donc déjà :
- résumer l'histoire en une seule phrase (étape 1),
- décrit en un paragraphe les bases de l'histoire : le début, le dénouement et chaque nœud dramatique devant faire l'objet d'une phrase : pour ma part, mon paragraphe comporte 5 phrases (étape 2),
- commencer à construire l'histoire des personnages : étape plus ardues à réaliser à froid, trouve-je (étape 3).

 L'étape 4 consiste, quant à elle, à développer l'histoire en étendant chaque phrase de l'étape 2 en un paragraphe. Le moment de se lâcher aussi et de noter toutes les idées qui viennent (idées de développement, d'évènements à intégrer dans chaque partie).

Il est très étonnant de construire une histoire de cette façon, en développant chaque étape en simultanée. Alors que jusque-là, j'étais plutôt du genre à écrire l'histoire en commençant par le début sans vraiment savoir où j'allais. Tandis que là je sais où je vais et les idées germent, germent et germent encore, là où sur une écriture linéaire je finissais souvent par me prendre l'un des murs du pré carré dans lequel s'ébat gentiment mon imagination.

Et enfin voici venu l'extrait : 
"De son silence, visiblement concerté, jaillissait alors une phrase qui venait se coller à mon propre silence vide de tout sauf de ma volonté d'avancer, d'avaler le bitume. Comme une agression. Souvent une question qui aurait pourtant dû rester à la maison derrière la porte fermée à clef."

Vous êtes bien avancés avec ça ! Et ce n'est bien sûr que ce qui est sorti de mon stylo (ce qui a jailli !).

Et sur ce, je vais reprendre le cours de ma vie, attendant patiemment, un sourire niais aux lèvres, mon prochain voyage en train (mon nouveau bureau !).