samedi 9 juin 2007

Parenthèse

Ouvrez la parenthèse.

Que de définition pour un mot si banal. J’aime les mots banals autant que les mots inusités, parce que ce sont souvent ceux qui peuvent avoir plusieurs sens. Et c’est dans cet aspect d’extérieur laid et conventionnel que souvent se cache une richesse pure et profonde.

Une parenthèse donc …

En premier lieu et dans le sens commun, une parenthèse est un procédé stylistique consistant à insérer dans le corps de la phrase principale un élément grammatical autonome (mot, proposition, phrase...) qui en précise le sens ou introduit une digression*.

Waouh … Je ne pensais pas de prime abord qu’une si petite chose, puisse avoir une si longue définition et finalement un si grand rôle à jouer ! C’est un second rôle certes mais sans lui, le rôle principal s’avèrerait dénuer de sens. Et c’est encore et également un rôle isolé, mis à l’écart, à l’abri des regards : son action est dénuée d’intéressement. Le meilleur rôle à mon sens…

Mais une parenthèse ce n’est pas que cela : au-delà de ces deux petits arcs de cercle que l’on trace nonchalamment lorsque l’on veut digresser ou préciser les choses, le figuratif existe bien.

En second lieu en effet et dans le sens figuré, une parenthèse est également un épisode plus ou moins long de l'existence, qui est considéré comme accessoire ou extérieur au déroulement normal de cette existence*.

Le parallélisme avec la définition propre du sens commun est frappant : le procédé stylistique est devenu un épisode considéré comme accessoire (qui précise donc) ou extérieur (qui digresse alors) à l’existence normale (la phrase principale… soit dit en passant normal et principal sont-ils vraiment synonymes ?...).

Le sens étant précisé, cela ne nous dit pas comment les parenthèses se doivent d’être manier. Comment s’ouvrent-elles et qui les ouvre ? Comment les refermer ; qui le décide surtout ? Comment s’intègrent-elles à l’existence normale ? Et nous mettent-elles vraiment à l’abri … ?

Tout cela est bien troublant.

Une autre définition me trouble : au sens figuré, « mettre (qqn, qqc.) entre parenthèses » signifie négliger, exclure, faire abstraction de*. N’est-ce vraiment que cela ? Ce que l’on considère comme une parenthèse ne fera, dès lors qu'elle sera refermée, plus partie de nous, de notre vie ?

D’une seule question fort simple à laquelle je connaissais la réponse, j’en arrive à une foultitude de nouvelles questions auxquelles je n’ai pas les réponses ; parce que chaque situation est différente et mérite une réponse adaptée (on dirait une pub…).

Dans l’attente d’avoir les solutions, je mets ces questions entre parenthèses et m’en vais rejoindre mon existence principale.


Fermez la parenthèse.



*
Laboratoire d'Analyse et de Traitement Informatique de la Langue Française - http://atilf.atilf.fr

2 commentaires:

  1. J'aime beaucoup ce post, et il me laisse d'ailleurs sur ma faim. Car cela me rappelle ces cours de philosophie qui, lorsqu'ils sont bien menes, partent d'un simple constat de rien et nous emmene tres loin dans la reflexion. Et, meme si l'application de cette reflexion au jour le jour est plus qu'improbable (pourras-tu d'ailleurs faire un post sur ce foutu mot que j'aborhe depuis qu'il est devenu a la mode ??!), on a toujours l'impression d'en sortir grandi.
    A approfondir donc.

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  2. L'approfondissement viendra par la mise en pratique qui ne saurait tarder.

    Quel était ce mot ? Improbable ? Ou bien est-ce "cela m'insupporte" ?

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