Ecrit découvert dans les décombres d’une ville grise, ravagée par un cataclysme non encore identifié à cette heure.
La colère
En l’an de grâce [date illisible],
C’est une tour comme toute ville en recèle tant et tant de nos jours, pleine de gens, d’idées et d’horaires encadrés, décalés, allant et venant dans des couloirs gelés, où courent d’impitoyables silences vides de toute attente, véhiculés par des êtres sans volonté, en échange d’un petit jour de congé. Voire une demi-journée.
L’hétéroclite puzzle de personnalités, apte en principe à soutenir l’activité, n’est plus en fait que le membre d’une royauté – confinant parfois à une dictature – au faîte duquel domine un seul homme d’égocentricité ourlé, qui dirige son monde, avec sur le visage un sourire carnassier surplombé d’une grosse tête farcie d’images de pantins, dont il se voit tirer les fils de jour comme de nuit. Moins le temps de se reposer.
Dans ces entreprises – car c’est ainsi qu’on les nomme – il ne souffle plus rien d’autre qu’un parfum de brutale et sourde autorité, annihilant tout vent de nouveauté ; dont le seul but est de mettre sans fin au pas ces multiples individualités, vendues aux Dieux « Argent » et « RTT » - si tant est qu’il puisse y en avoir plus d’un – n’ayant d’autre priorité dans la vie que de rembourser leurs prêts. Pour pouvoir en prendre d’autres.
Dans cette société – au sens collectivité – par la consommation consumée, l’homme est devenu une simple denrée comme les autres. Il se vend, s’échange, se troque à l’occasion et consent même à se faire croquembouche à durée déterminée. Comme un être éphémère.
Le tableau est bien noir, plus une lueur d’espoir, rien dans les coins et recoins de notre communauté, qu’un petit lumignon, de ci, de là, disséminé. Prêt à s’éteindre. Et notre avenir avec.
La braise est presque froide.
Quelqu’un pour l’attiser ?
Sur le thème des Impromptus de la semaine : un message oublié contenant les cinq mots suivants : parfum, consentir, lumignon, croquembouche, impitoyable.
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