La
rue était étroite, longue, humide et obscure. Mais au bout, je savais trouver
la délivrance. Qu’importe ses hauts murs, la vie se devait de passer par de
telles circonstances. Tôt ce matin, j’avais enfilé mon armure et m’attendais à
devoir payer cette créance : celle que je traînais depuis ma première
biture. Il me l’agitait sous le nez, ma si longue quittance.
Ne
croyez pas que cela fasse partie intégrante de ma nature. Non, avant cela, j’étais
quelqu’un, j’avais une prestance. Mais à force de vin, lentement je pris place
au fin fond de ma sépulture. Future certes, mais fort pleine de présence ;
suffisamment pour m’attirer vers une issue en rupture parce que y’a que ça de
vrai quand pendant des années on n’a pas regardé à la dépense.
Je
croyais emmerder les habitudes, mais au final ma vie n’était qu’une imposture. Et
l’échéance approchait. Bientôt tout le monde saurait, ma vérité serait jetée en
pâture. J’avais érigé mes liquides appétences en une foutue préséance, ma progéniture
avait foutu le camp, démissionnant face à ma déconfiture.
Je n’avais
plus ni substance, ni subsistance, plus de garniture, rien qu’une inconstance. Ne
restait que des conjectures. Vint alors une solution : celle du
vide-ordure. Mais j’étais tellement pourri jusqu’à l’ossature qu’il m’aurait
fallu balancer avec, mon existence…
Alors
cette rue, là, étroite, longue, humide et obscure… Au bout peut être une
récompense… La fin de cette vaine persistance…. Je m’enfonce dans sa
meurtrissure, sens sa morsure… L’humidité me gagne, m’offre en éclaboussure un
nettoyage, à sec peut-être, mais une saine délivrance, ça, c’est sûr.
***
Sur la consigne de la semaine pour les Impromptus : débuter impérativement votre texte par La
rue était étroite, longue, humide et obscure.
noir c'est noir, une évocation oppressante
RépondreSupprimerMerci :)
SupprimerEt merci de votre passage.
Texte superbe, j'aime beaucoup la melodie qui en ressort. Bravo !
RépondreSupprimerMerci.
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