J'étais là, réfugier sur le pas-de-souris (1), le nez en l'air à me demander comment je pourrais bien le patafioler (2) avant qu'il ne réussisse encore à tous les abuser.
Je détestais cette patte-pelue (3) ! Ces manières étaient si bien rodées que personne ne se doutait de ce que je savais. Ce petit principule (4) était ourlé de philautie (5) et bien trop apte à la jactance (6). Il me hérissait le poil rien qu'avec sa présence. Pire qu'un docteur idémiste (7) mais que tout le monde écoutait avec attention, pourtant, parce qu'il avait la présence d'esprit de reprendre dans ce genre d'assemblée les idées entendues ailleurs alors qu'il opinait...
Avec lui dans la pièce, je me sentais comme un jobelin (8) alors même que j'étais bien plus cultivé que lui et a minima maître de mes idées. L'avoir près de moi ne me donnait qu'une envie : l'incaguer (9). Si ce n'était pour ma judicature (10), je l'aurais vraiment fait...
Il s'imaginait issu comme d'une jumenterie (11) d'êtres humains et se voulait le digne héritier, de son temps, de l'idéogénie (12). Lui qui n'aurait même pas eu l'idée de s'essuyer le nez après avoir éternué...
Je ne souhaitais qu'atteindre enfin le jusant (13) de sa diarrhée verbale... Le fait qu'il ouvre la bouche faisait de lui un pléonasme (14) de lui-même...
Compliqué à cette heure, je sais. Mais j'étais si fatiguée de l'entendre que si j'avais eu un pédiluve sous la main, j'aurais bien tenté de le noyer... Judicature ou pas !
(1) Ancien terme de fortification. Chemin de trois pieds de largeur entre le rempart et le fossé.
(2) Ancien terme populaire qui n'a guère été usité que dans cette phrase : Que le bon Dieu te patafiole, que le diable te patafiole, c'est-à-dire te confonde.
(3) Homme, femme dont la patte, la manière d'agir est douce et flatteuse et qui s'en sert pour arriver à ses fins.
(4) Prince peu puissant. Petit prince encore au berceau, ou sous la conduite d'un gouverneur.
(5) Terme didactique. Amour de soi-même, complaisance pour soi-même.
(6) Hardiesse à se vanter, à se faire valoir.
(7) On appelait docteurs idémistes ceux qui, dans les assemblées, se contentaient d'opiner du bonnet et de dire idem, sans apporter de raison.
(8) Homme niais, crédule, qui se laisse facilement tromper.
(9) Terme bas et vieilli Défier quelqu'un, le braver, en lui témoignant beaucoup de mépris.
(10) État, profession de toute personne employée à l'administration de la justice.
(11) Haras où l'on produit des étalons.
(12) Terme de philosophie. Science qui traite de l'origine des idées.
(13) Retraite ou descente de la marée, mouvement de la marée qui baisse. Flot et jusant, flux et reflux.
(14) Redondance, emploi de mots inutiles dans l'expression de la pensée.
* Petit dictionnaire des mots rares et anciens de la Langue Française
Bonjour,
RépondreSupprimerimagine comme j'apprécie moi qui aime nos mots... les vrais... les vieux... les "françois".
Merci.
au fait : guillemardien, tu connais ?
De nada ;-)
RépondreSupprimerJ'aime tout autant le vieux "françois", digne héritage de mon année d'errance scolaire ;-)
Et j'ai aimé cet exercice et j'ai dans l'idée de m'y replier dans l'avenir et d'en créer une série tant la langue française est pleine de mots qui ne demandent qu'à être utilisés afin de ne point mourir. A la manière d'un des personnages de E. Orsenna qui énonce les mots un à un afin de les sauver de leur perte (Les chevaliers du subjonctif ou La grammaire est une chanson douce, je ne sais plus lequel des deux...).
Quant à "guillemardien", à première vue, je ne connais pas.
Une recherche rapide sur le Net ne m'apprend rien.
Inventons alors...
Un guillemardien, c'est un être qui vit à la façon d'un guillemard. Être guillemardien c'est avoir une manière d'être. Cette envie de vivre la vie à plein régime, de ne pas en perdre une goutte, d'en saisir le moindre écoulement même si c'est dans une chaise longue un après midi du mois de mai (on déculpabilise comme on peut... :-)).
Ou alors un guillemardien serait un habitant de la Guillemardie, petit pays peu peuplé mais très riche de choses qui ne s'achètent pas.
Et puis surtout, un guillemardien, c'est toi, c'est moi... c'est nous quoi ;-)
Je m'en retourne à ma chaise longue pour une seconde sieste éclair :-)
Et si c'était un arbre qui produise des glands...ce dernier mot est compris dans guillemardien, n'avais-tu point vu ?
RépondreSupprimeret si c'était un style architectural post victorien : habitation composée de rêves pour y loger des spères éthériques par exemple ! il faudra que j'écrive la-dessus.
et si...
et si...
Toujours une option supplémentaire jeune amie, l'avais-tu également oublié ?
Allez, à Toi.
guillemardement vôtre, Ma Dame.