Hypothèse 1 : Est-ce inné, en elle, prégnant ? Elle l’est,
c’est tout. Née comme ça, elle assume son statut d’étrange question à
laquelle personne ne souhaite jamais avoir à répondre à défaut d’être à
son tour contaminé. Cette question est étrange, ridicule, absurde et
puis c’est tout. Comme le pourquoi d’un enfant auquel les adultes
n’aiment pas répondre, simplement parce qu’ils n’en ont pas la réponse…
- Pourquoi faut aller dehors ?
- Pour sortir.
- Pourquoi faut sortir ?
- Pour prendre l’air.
- Mais pourquoi faut prendre l’air ?
- Pour être moins fatigué.
- Pourquoi faut être moins fatigué…
- Pour sortir.
- Pourquoi faut sortir ?
- Pour prendre l’air.
- Mais pourquoi faut prendre l’air ?
- Pour être moins fatigué.
- Pourquoi faut être moins fatigué…
J’abrège là parce que ça pourrait durer des heures comme chacun sait.
Mais ça ne tient pas vraiment. En fait, une question saugrenue n’est pas
saugrenue parce que question. Bah non, parce que si une question peut
être saugrenue, toutes les questions ne sont pas saugrenues.
- Mais pourquoi ???
- PARCE QUE !
- PARCE QUE !
Okay, j’enchaîne…
Hypothèse 2 :
Si une question n’est pas en soi saugrenue, c’est qu’un élément
extérieur fait qu’elle n’est pas que question, que le ridicule de la
situation ou la personne interrogée fait qu’elle mute et se pare de
saugrenuité, là comme ça sous les yeux de celui qui écoute (si c’est pas
saugrenue aussi, ça…).
L’enfant, lui, quand il houspille l’adulte avec ses questions, n’a pas conscience qu’elles sont saugrenues, il les pose parce qu’il se les pose et a soif de réponse. C’est l’adulte, en face de lui, avec toute sa mauvaise foi, qui qualifie la question de saugrenue. Afin de pouvoir la renvoyer d’où elle vient, afin de ne pas avoir à s’abaisser à y répondre du haut de son incompétence crasse ; lui censé tout savoir et élever ce petiot toujours plus haut... et qui d’une simple question se retrouve plus bas que terre à se traîner pour essayer de remonter sur le piédestal qu’il a lui-même construit et offert à son enfant pour que ce dernier l’y place…
Mais je vous égare (sciemment très certainement parce qu’il n’y a visiblement pas que les enfants qui posent des questions saugrenues…)
Toujours est-il que cette deuxième hypothèse me convainc déjà mieux.
Je ne souhaite cependant pas m’arrêter là. Je sens qu'il y a autre chose. J’ose avancer une troisième hypothèse qui me semble pouvoir convenir et permettre de répondre, de façon bien meilleure que la précédente à la question la plus saugrenue qu’il m’est été donné de décortiquer, et qui je le rappelle est : en quoi une question saugrenue l’est-elle, saugrenue ?
L’enfant, lui, quand il houspille l’adulte avec ses questions, n’a pas conscience qu’elles sont saugrenues, il les pose parce qu’il se les pose et a soif de réponse. C’est l’adulte, en face de lui, avec toute sa mauvaise foi, qui qualifie la question de saugrenue. Afin de pouvoir la renvoyer d’où elle vient, afin de ne pas avoir à s’abaisser à y répondre du haut de son incompétence crasse ; lui censé tout savoir et élever ce petiot toujours plus haut... et qui d’une simple question se retrouve plus bas que terre à se traîner pour essayer de remonter sur le piédestal qu’il a lui-même construit et offert à son enfant pour que ce dernier l’y place…
Mais je vous égare (sciemment très certainement parce qu’il n’y a visiblement pas que les enfants qui posent des questions saugrenues…)
Toujours est-il que cette deuxième hypothèse me convainc déjà mieux.
Je ne souhaite cependant pas m’arrêter là. Je sens qu'il y a autre chose. J’ose avancer une troisième hypothèse qui me semble pouvoir convenir et permettre de répondre, de façon bien meilleure que la précédente à la question la plus saugrenue qu’il m’est été donné de décortiquer, et qui je le rappelle est : en quoi une question saugrenue l’est-elle, saugrenue ?
Hypothèse 3 : Et si c’était les deux ? Une question
saugrenue porterait en elle le germe de l’étrangeté que le questionné
mettrait de facto en évidence en tentant d’y répondre… C’est bon ça
comme explication… La question saugrenue est saugrenue mais ne peut le
devenir que si quelque chose agit sur elle pour faire éclore la
saugrenuité. La saugrenuité s’arrose pour qu’elle puisse pousser ; il
faut lui offrir un casque pour qu’elle puisse s’écraser sur le mur de
l’évidence ; elle nécessite une pancarte pour enfin avoir une étiquette.
En voilà donc une bonne explication…
- Dis, Martin, un poisson a-t-il conscience d’être mouillé ?
- Mais qu’est-ce que c’est que cette question, Lucien ! Bien sûr que non, il l’est, c’est tout ! Est-ce que t’as conscience d’être aéré, toi !
- …
- Bah voilà, c’est bien ce que je disais…
- Mais qu’est-ce que c’est que cette question, Lucien ! Bien sûr que non, il l’est, c’est tout ! Est-ce que t’as conscience d’être aéré, toi !
- …
- Bah voilà, c’est bien ce que je disais…
Sur le thème de la semaine des Impromptus : questions saugrenues.