Bientôt trois mois que je ne vous ai pas parlé de mes lectures. Serait-ce qu'en plus d'avoir perdu mes mots, je ne lis plus ? Et bien non, j'ai lu. Moins que d'habitude, il est vrai mais fin d'année bousculée et début d'année congelé et donc fatigué obligent...
Il y a plusieurs semaines déjà que j'ai achevé un nouveau livre de Martin Page - non pas nouveau dans le sens où il viendrait de paraître mais nouveau au rang de mes lectures.
Mais avant cela, je vais revenir sur l'auteur que je vous conseille encore. La dernière fois, je m'étais contenté de vous citer un passage de Comment je suis devenu stupide, mais quel passage, et d'en parler sur 5 lignes ! Je voulais cependant rajouter que cet auteur est doué d'un grand sens de l'humour teinté d'une bonne dose de cynisme, ce qui rend ces écrits appétissants à souhait.
On ne vit pas au présent. C'est de là que viennent nos problèmes. On vit le plus souvent dans une excroissance du passé. Aujourd'hui n'existe pas vraiment. Demain est perdu avant de naître.
Il a, en outre et à mes yeux, une plume si poétique et si juste !
La gentillesse, utilisée avec habileté, reste le plus efficace des lubrifiants inventés par l'industrie relationnelle.
Bon, et puis, j'ai l'impression que cet auteur me parle, à moi ! :o)
Il avait choisi d'étudier le droit car c'était la meilleure façon de s'enterrer vivant tout en apprenant l'éloquence, la concentration et l'assiduité.
Mais venons-en quand même, au bouquin. On s'habitue aux fins du monde* est légèrement déjanté et situé dans le monde de la production de cinéma (aucun lien de cause à effet cependant). Le protagoniste principal est un producteur reconnu, il côtoie les plus grands et est pourtant malheureux tant sa vie lui semble fictive, autant que les synopsis sur lesquels il travaille.
On croit en amour ou au travail que l'on est dans le règne de la nouveauté, mais nous ne sommes que des époques succédant à d'autres époques dans des lits et des bureaux.
En fait, ce livre est une philospophie de vie à lui seul qui, bien employé, donne des clefs pour remplir la solitude qui n'a pas de fond. Il ne sert à rien de la fuir. La solitude est une maîtresse qui nécessite qu'on lui soit infidèle.
Et de heurts en malheurs, les uns et les autres cheminent au travers des évènements, bien ou mal, que la vie nous balance à la tronche l'air de dire "Démerde-toi avec ça, après on verra".
Alors autant le savoir : vers huit ou neuf ans, on s'assoit sur le rebord d'un immeuble et on se dit c'est bon, on a eu sa part de malheur pour toute la vie, ça va enfin s'arrêter. Mais il n'y a pas de limite, la vie se fout du seuil de tolérance. On est surpris au début quand de nouveaux malheurs arrivent et s'ajoutent aux anciens, on se dit non ce n'est pas possible, pourquoi. Alors on résiste et on se réveille un jour pour voir qu'on n'a pas vécu, on a juste serré les poings et continué à avancer. Parfois on se fait peur à avoir tant de forces, ça a quelque chose de monstrueux qu'on ait réussi à vivre.
Et la conclusion à tout ça ? La différence existe : une histoire d'amour. Si Banal, hein ? Et pourtant vrai. Je ne dis pas cependant que tout change du jour au lendemain, je ne le crois pas et l'auteur non plus. N'avez-vous jamais eu l'impression que lorsque tout va bien, une nouvelle maladie nous saisit. On cherche [alors] les vices cachés, les traces de moisissures, mais il n'y en a pas. Il est temps de croire à notre félicité. Il est temps d'en profiter.
Alors qu'est-ce que vous attendez ?
* PAGE, Martin. - On sh'abitue aux fins du monde. J'ai Lu, février 2007.